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Vivre ma passion, celle d’enseigner

J’ai commencé à enseigner à l’âge de 12 ans, dès la fin du primaire, dans mon Cameroun natal. J’aidais à la fois certains aînés ainsi que mes cadets à faire leurs devoirs, en particulier leurs travaux de mathématiques, ma matière de prédilection. Ensuite, j’ai pensé que je pouvais me faire de l’argent de poche en faisant du tutorat à domicile, ce que j’ai commencé à faire dès l’âge de 13 ans. J’éprouvais tellement du bonheur à transmettre ce que je connaissais et à voir les autres progresser dans leurs apprentissages.

Après mes études d’ingénieur, j’ai eu la possibilité de travailler dans des domaines très variés en Afrique et en Europe avant d’immigrer au Canada avec ma famille il y a un peu plus de quinze ans. Je n’avais jamais pensé que j’allais devenir enseignant, même si je le souhaitais au fond de moi, et le Canada m’a donné l’occasion de vivre ma passion, celle d’enseigner.

Le but de ce mot n’est pas de vous parler de moi spécifiquement, mais au contraire de faire ressortir de manière succincte le parcours qui a été mien, auquel s’identifieraient sans doute d’autres immigrants francophones qui ont décidé de travailler dans le domaine de l’éducation, en Ontario.

Lorsque j’arrive dans une école de Toronto, où j’occupe mon premier poste, je me rends compte du nombre de fois où les élèves issus de l’immigration se sentent laissés à eux-mêmes, sans repères ni ambition. Ces élèves étaient vulnérables, pas motivés et enclins à l’échec scolaire.

En discutant avec quelques collègues de l’époque qui avaient le même parcours que moi, on s’est rendu compte des défis que vivaient ces élèves, car il leur manquait des modèles et des représentations ethnoculturelles, que ce soit au sein de la société ou au sein du personnel enseignant ou de la direction d’école. La recherche a d’ailleurs montré que « […] le manque d’enseignants issus de la diversité constitue l’un des principaux facteurs qui nuisent à la réussite et à la persévérance des élèves issus de l’immigration. » (Aline Niyubahwe, Josephine Mukamurera and France Jutras. Canadian Journal of Education, vol. 42, no 2, 2019, p. 438-463.). En prenant connaissance de la proportion tout à fait significative des élèves de différents origines dans les écoles de langue française de l’Ontario, surtout dans les grandes villes où la population est très multiculturelle, je me suis senti interpellé au plus haut point sur ce que je représentais pour ces élèves et sur la responsabilité que j’avais en tant qu’enseignant issu de l’immigration quant à leur réussite, non seulement sur le plan scolaire, mais aussi et surtout sur le plan social et concernant leur bien-être.

Cela a été ma principale source de motivation et de résilience dans la profession enseignante, car je sais que chaque minute que je passe avec mes élèves vaut son pesant d’or. À ce jour, je vois le bonheur qu’ont les élèves à voir exceller les enseignants issus de l’immigration dans leurs tâches et selon différents degrés de responsabilité dans le système éducatif. À leur tour, ils développent une mentalité de croissance et de réussite.
Je me devais donc de réussir pour les amener, elles et eux aussi, à réussir. Cela signifie être un excellent enseignant qui prend à cœur la réussite de toutes et de tous ses élèves, quelle que soit leur origine, leur race ou leur religion. Aujourd’hui, je peux regarder derrière moi et voir l’influence positive que j’ai eue sur mes élèves.

J’ai compris que je devais travailler fort pour aider toutes et tous mes élèves avec leurs forces et leurs défis. Je devais montrer à toutes et à tous les élèves que l’on peut construire un monde ou un milieu d’apprentissage inclusif, où chacune ou chacun est pris en compte. Grâce à la profession enseignante, j’apporte ma petite contribution à cet édifice, sans oublier la promotion de la langue française et la protection de la culture francophone. J’en suis fier!


I started teaching at 12 years old, right after elementary school, in I started teaching at the age of 12, at the end of primary school, in Cameroon. I used to help both some of my elders and younger children with their homework, especially math, my favorite subject. Afterwards, I thought I could make some pocket money by tutoring at home, which I started doing at the age of 13. I was happy to pass on what I knew and to see others progress in their learning.

After my engineering studies, I had the opportunity to work in a variety of fields in Africa and Europe before immigrating to Canada with my family a little over fifteen years ago. I never thought I would become a teacher, even though I wanted to. Canada gave me the opportunity to live my passion, teaching.

The purpose of this piece is not to tell you about me specifically, but rather to highlight the journey that I have taken, one that other francophone immigrants who have decided to work in the field of education in Ontario would no doubt identify with.
When I arrived at a school in Toronto for my first position, I realized how often students from immigrant backgrounds felt alone, without direction or ambition. These students were vulnerable, unmotivated and prone to academic failure.

In talking with a few colleagues at the time who had the same background as I did, we realized the students were experiencing these challenges because they lacked ethnocultural role models and representations, whether it was within society or within the teaching staff or the school administration. The research showed that: “ […] The lack teachers coming from diverse backgrounds, is one of the major factors affecting the success and retention of immigrant students.” (Aline Niyubahwe, Josephine Mukamurera and France Jutras. Canadian Journal of Education, vol. 42, no 2, 2019, p. 438-463.). As I became aware of the significant proportion of students from different backgrounds in Ontario’s French-language schools, especially in large cities where the population is very multicultural, I was challenged to think about what I meant to these students and the responsibility I had as a teacher with an immigrant background to ensure their success, not only academically, but more importantly socially, in terms of their well-being.

This has been my main source of motivation and resilience in the teaching profession, as I know that every minute I spend with my students is worth its weight in gold. To this day, I see the joy that students have in seeing teachers with immigrant backgrounds excel at their jobs in different levels of the educational system. In turn, they develop a growth and success mindset.

I had to succeed, to help them succeed. This means being a great teacher who cares about the success of all students, regardless of their background, race or religion. Today, I can look back and see the positive impact I have had on my students.

I realized that I had to work hard to help all of my students with their strengths and struggles. I had to show all students that together we could build an inclusive world and learning environment, where everyone is taken into account. Through the teaching profession, I am making my small contribution to this project, without forgetting the promotion of the French language and the protection of the francophone culture. I am proud!

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